Un vide. C'est ce que j'ai ressenti. Au creux de mon coeur. C'était douloureux, brutal. J'avais l'impression que mon corps allait me lâcher. Comme un immeuble qui s'effondre. Explosant avec brutalité. S'affaissant sur lui-même. Boom. Puis plus rien.

Je me suis levé, mécaniquement. Je ne sais même pas comment j'ai fait pour tenir debout.

Je n'ai pas attendu que le docteur vienne me parler. Je savais. Je les connaissais, les mots qu'il allait assembler, du mieux qu'il le pouvait. Mais le mieux restait le pire.

Max était parti. Le pire était arrivé.






Ce n'est pas possible. J'aurais pensé que sa voix se serait évanouie, dans mon esprit. Elle s'est tue. Elle s'est tue pendant quelques temps, puis elle est revenue. Presque plus forte que jamais. Juste pendant l'enterrement. Juste avant que l'on ne mette à terre ce cercueil, ce trop petit cercueil... Le prêtre lui-même s'en est ému. C'est toujours triste d'enterrer un gamin de treize piges. "Parti trop tôt.". Sans blague.

Mais au final il n'était pas partie. Je n'avais plus le droit au silence depuis quelques temps déjà. J'avais été relié à Max. Je l'étais toujours. J'entendais ses mots. Sa voix.

J'ai quitté l'enterrement. Sans un mot. Ma mère a cru que c'était l'émotion. C'était juste une migraine.







J'ai essayé l'alcool et la drogue. Les voix ne partaient pas. J'ai essayé les médicaments, j'ai essayé le toubib. J'ai essayé de dormir, j'ai essayé de me bouger les oreilles. J'ai essayé de mourir, ça n'a pas marché.

J'ai tout essayé mais Max était toujours là. Dans ma tête. Me parlant. Des mots qui ne me paraissaient pas avoir sens.

Mais j'ai fini par comprendre. Cela m'a prit du temps, mais j'ai compris.

Je ne voulais pas me débarrasser de Max. Je n'devais pas me débarrasser de Max. S'il était là, c'était pour une raison.  

Si je mourrais, je risquais de le perdre de nouveau.

Alors j'ai décidé de vivre.


“Il faudra bien que tu choisisses ton côté. Tu vas finir par te brûler tes petites ailes, à virevolter à droite à gauche.”

“La ferme. Je vis très bien comme ça. J'ai jamais eu d'ennuis. Les gens ont d'autres chats à fouetter. Je vais là où ça paye le mieux, c'est tout. ”

“C'est pas tout, Oswald. Je te dit ça pour ton bien. On est en guerre. Ou quelque chose qui y ressemble...”

“Le chaos. ”

“Voilà ! Exactement. Le chaos. Tu en as conscience en plus, mon beau salop ! Alors maintenant, si tu tiens à ta vie, fait quelque chose. ”

“Je fais quelque chose, de ce chaos justement. J'en tire le mieux, pour survivre. Maintenant tu reprends tes leçons de moral à deux balles et tu me lâches, okay ? J'ai pas que ça à faire. ”

“Ouais, c'est ça. Si tu crèves, comptes pas sur moi pour assister à ton enterrement. Si jamais t'arrives à en avoir un. ”